• Alors comme ça, on n’aime pas l’école ma petite ?
    Eh bien tu seras serveuse.
    Et serveuse je fus.

    Au début, c’était un job d’étudiante que le week-end et les vacances. Mais  au fur et à mesure mes heures de cours se sont transformées en heures de travail. En soi, le métier de serveuse ne me dérangeait pas, j’avais vingt-trois ans, jeune et pleine d’énergie.
    De temps en temps je devenais barmaid. J’adorais, c’était cool.

    Mon engouement dura un an, je pensais que j’avais le temps et que je pouvais reprendre mes études à tout moment.

    Oui, mais quoi ?
    Quoi faire de ma vie
    Je ne savais pas, rien ne m’attirait ou je trouvais les études trop  longues.

    Un peu comme quand tu repousses l’heure de ton réveil le matin pensant qu’il te reste du temps, que tu te dis que t’es large et qu’au final tu es en retard.
    Tout dépend du retard, mais le mien était déjà trop long, deux ans.

    A  vingt-cinq ans, j’étais toujours dans ce foutu flou tout en servant des assiettes de pennes quatre fromages à vingt euros.

    La belle histoire.

    Il faut savoir, qu’en restauration il n’y a pas d’évolution possible tu restes à ta place, tu sers, on te siffle, on t’impose des blagues débiles auxquelles il faut rire sinon c’est l’incident diplomatique avec le client, tu dois sourire en permanence, tu n’as pas le droit de te tromper et enfin en guise de pourboire tu as le droit aux petites pièces que les gens n’osent pas jeter.

    Bref, tu n’es rien. 

    Plus d’une fois je me suis regardée comme une moins que rien
    Je me prenais la tête dans les mains :

    -  Mais qu’est-ce que t’as fait !
    -  Pourquoi tu n’as pas fait d’efforts !
    -  Ce n’était pourtant pas compliqué !

     Je me suis lamentée comme ça pendant je ne sais combien de temps, et puis comme souvent une petite voix surgissait de nulle part :

    - Tu regrettes quoi Brioche ?
    - Pas l’école, ce n’était pas ton délire.
    -  Je ne sais pas bouge-toi, tu chiales mais pourquoi ? Tu n’as rien fait, c’est bien de couiner. En plus je parie que c’est la faute des autres, tu es une incomprise… que veux-tu que je te dise, tu as été conne sur ce coup là.

    - Allez, sèche-moi cette amertume de tes yeux et trouve une solution.Apprend aussi à te connaitre un peu mieux et ne pense plus à ce qu’il faut faire pour donner l’impression d’avoir réussi dans la vie, pense plus à ce que tu aimes faire.

    Alors comme ça t'aimais pas l'ecole ?

     

     


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  •  

    Pendant une semaine je me suis conditionnée.

    Tu as bien compris. Pas motivée puisque la motivation je l'avais déjà, je me suis conditionnée, mise en boite, formatée.
    Pavlov fut mon meilleur pote pendant sept jours et sept nuits.

    Je me suis posée la question : Qu'est-ce qui fait que tu te plantes, le truc qui fait que t'as les "boules" quand tu sors d'un entretien en te disant "mais non ! mais non ! pourquoi j'ai dit ça ou fait ça!"

    Réponse : Je suis tellement sûre de moi parce que je connais mon sujet sur le bout des doigts, qu'une seule et toute petite objection me fait perdre tous mes moyens. Je tire la tronche d'une débile, mon visage se transforme et je donne l'impression d'être une bluffeuse, je me liquéfie littéralement et "merci au revoir".

    Je vous assure qu'à ce moment là, mon interlocuteur stoppe net le tête-à-tête et ose à peine me serrer la main et ben ouais mais c'est vrai.

    Mission : Tu ne tireras plus jamais cette tronche de menteuse pathétique.

    Ok...

    Alors c'est partie : petite discussion avec moi et mon cerveau.

    - Si on te dit ça, tu tires quelle tronche ?
    - Oula, non pas celle-ci
    - Heu, pas celle-là non plus. Allez, fais un petit effort. Fais voir, c'est mieux mais pas encore...
    -Oui, celle-ci. Parfait et tu as pensé à quoi en faisant celle-ci ?
    - à ça.
    - D'accord, maintenant à chaque objection tu penses "à ça" et sans t'en rendre compte tu feras la "bonne tête" ou du moins tu ne feras pas la tête qui te foire un entretien.

    Chaque seconde, chaque minute, même en dormant je ne pensais qu"à ça", je me suis ainsi conditionnée à ne pas faire cette fameuse tête qui me trahissait. Il faut se donner à fond pour obtenir ce genre de contrat, nous sommes plusieurs et il y a peu de places.

    Mon but n'était de signer un accord, mon but était d'obtenir un autre rendez-vous afin de présenter mon produit fini.

    Il faut savoir se dépasser.

    Une autre rencontre est prévue.

     

    _____

    Il existe deux grands types de conditionnement : le conditionnement classique et le conditionnement opérant. Dans le premier cas le stimulus à conditionner est un évènement extérieur tandis que dans le second il s'agit d'une action de l'individu lui-même.

     


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  • Après quelques échanges de mails, j'ai enfin eu un rendez-vous avec mon futur partenaire. Et pas n'importe lequel, une grosse boite de produits pharmaceutique bio.

    Comment vous dire ?
    J'étais totalement flippée, je n'avais jamais fait ça de ma vie. Je ne savais pas quoi faire, ni comment présenter mon produit qui pour cet instant n'était que dans ma tête.
    Pas de valise ou juste un prototype, pas de vêtements... Rien, qu'une idée que je trouvais géniale et il fallait que mon interlocuteur la trouve encore plus géniale.

    Un ami m' a proposé de faire une présentation Power Point.... "Une quoi ?"
    En aucune circonstance, il m'était arrivé de faire une telle présentation.
    Trois week end d'affilée nous nous sommes calés un moment pour bosser ensemble et les trois fois, je me suis défilée.

    Je ne me sentais pas capable de le faire, rien, nada, pipi dans ma culotte, envie de me cacher dans un placard, que tout le monde m'oublie, "je n'existe pas, il n'y a personne ici".

    Finalement, je ne pouvais pas me débiner, j'ai pris un bon bol de café, j'ai réfléchit, un autre bol de café et j'ai encore réfléchit... Je suis restée plus de quatre heures, seule sur ma terrasse à fumer clopes sur clopes (c'est pas bien, je sais...)

    Concentrée, je regardais le ciel, c'était bizarre j'avais l'impression que lui aussi me regardait en me disant : "Alors ma petite, tu vas commencer par faire une présentation simple avec une page de garde, une page style lettre de motivation, une page avec le descriptif intégral de ton produit, une page avec ta stratégie commerciale et une page avec les avantages d'un tel partenariat."

    Hop sur le PC
    Hop impression en double exemplaires du dossier
    Hop direction une entreprise qui relie les dossiers pour faire propre et joli.

    Et puis hop :"Merci Monsieur le ciel bleu."
    Pas de réponse de sa part et puis comme j'attendais bêtement, c'est son pote le soleil qui m'a dit : "Tu es partie dans un sacré délire ma petite Brioche."

    Sourire, fière de moi mais ce n'était toujours pas fini, il fallait maintenant que je me prépare à ce rendez-vous.


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  • " Elle est bien ton idée mais il faut aussi rajouter des produits pour la toilette des bébés".
    - Oui, mais j'ai pas les fonds.
    - Dommage, parce que sinon cela ne vaut rien.
    - Merci, je te kiff toi.
    Au moins dix personnes m'ont dit la même chose.
    Seule, je n'arrêtais pas d'y penser.
    Comment faire ?
    Puis un jour, je me suis dit :
    - Tiens, si j'appelais les laboratoires pharmaceutiques.

    Donc un jour, je me suis mise à la recherche d'un partenariat avec un labo pharmaceutique afin d'obtenir des produits pour la toilette des petits bébés.
    J'ai listé quelques marques connues de produits pour bébés, recherché leurs contacts téléphoniques.
    Et hop :
    - Premier coup de fil : on m'a ri au nez " on ne bosse qu'avec les grandes surfaces ".
    - Deuxième coup de fil : on a compati " nous ne travaillons qu'avec les pharmacies "
    - troisième coup fil : même réponse que le deuxième mais on a pris mon adresse mail.
    S'en est suivi cinq ou six appels. En tout, juste une personne avait pris mon adresse et un contact donné, j'ai supplié pour l'avoir...
    Dépitée, je me suis dit que je continuerai le lendemain.

    Trois heures plus tard voici ce que j'ai reçu dans ma boite mail...

    Elle est bien ton idée ...

    J'envoie une réponse trois jours plus tard, j'étais tellement flippée que je ne savais pas quoi écrire.

    trop peur de me louper....

    finalement, je réponds et voici la réponse :

    Elle est bien ton idée ...


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